Autonomie, dépendance… ou interdépendance ?

Dans une société qui promeut le jeunisme, la performance, pas simple de se reconnaître comme une personne vieillissante…

Nous sommes, individuellement et collectivement, priés de nous penser comme êtres autonomes, et ceci le plus longtemps possible. Dans un mouvement de reflux qui impacte notre capacité à nous projeter dans un « devenir vieux » apaisé et inclusif.

Alors que… nous serions, et toujours dans une perspective individuelle et collective, d’autant plus autonomes que nous nous reconnaissons comme une personne en capacité de demander de l’aide. Donner, cela est pour chacun un acte spontané… mais qu’en est-il de recevoir, demander, accepter ? Nous sommes en prise avec un imaginaire collectif qui nous mettrait en situation de dette si nous recevons. Et au passage, reconnaître son besoin d’aide, ce pourrait être reconnaître sa vulnérabilité ? Du coup, nous faisons volontiers l’impasse sur cette nécessité, nous nous détournons des solutions d’aide ou de répit qui se proposent au nom d’un vaillant « je n’ai besoin de rien ni de personne »…Posture intenable à terme, nous en avons tous l’intuition.

S’inscrire dans le « cercle vertueux du don » (dans le prolongement des travaux de Marcel Mauss), c’est s’envisager interdépendant, c’est s’inscrire dans la réciprocité… bien loin du mythe du super-héros !

Se réinvestir soi-même comme une personne qui reçoit, rendre explicite ses besoins, c’est renforcer son autonomie, dans un mouvement d’adaptation croissante.

Et, vous l’aurez perçu, mon propos est au-delà de la question des « aidants familiaux »… Cela nous concerne tous, et nous avons peut-être à en faire l’expérience, l’apprentissage, tant que tout va… suffisamment bien ?

Emma Ould Aoudia – Novembre 2022

« La pensée recoud les fragments du monde… »*

« La pensée recoud les fragments du monde… »*

Cette phrase, extraite d’un ouvrage de Jeanne Benameur *, m’a accompagnée dans la vacance de l’été.

Source d’inspiration, je tente d’en faire une source d’expression…

Nos vies n’ont-elles jamais été aussi fragmentées, atomisées, séparées, voire clivées ?

Comment penser la complexité du moment, dans un contexte tendu, chacun faisant au mieux, au pire « la tête  dans le guidon » ?

Et si nous prenions le temps, juste une petite suspension, juste le temps d’observer… pour penser et féconder un quelque chose autour de « ce serait quoi faire autrement ? »

Penser… et faire autrement pour relier, et peut-être même réconcilier, ces parts fragmentées, de soi-même, des « nous » dans lesquels nous évoluons (famille, travail, activités…)

Penser… et faire autrement pour ne pas renoncer, dans un élan d’adaptation …

Penser… et faire autrement, depuis nos intuitions, nos sensations, nos émotions, depuis nos nécessités, et peut-être ainsi conjurer ces injonctions à la peur, au repli…

Penser… et faire autrement en envisageant de demander de l’aide…

Penser… et remettre du mouvement sur nos crispations, pour tenter de « rassembler l’épars »*

Penser… et prendre ce petit risque du vide, d’où peut émerger une capacité à se projeter et agir, depuis ce qui fait sens, depuis ce que nous nous souhaitons, sincèrement, résolument.

Dans la reconnaissance de notre interdépendance, de cette nécessité de prendre soin de ce qui relie, dans nos espaces personnels, professionnels.

Que cette fin d’année nous inspire !

Emma Ould Aoudia, co-fondatrice de Trame de Vie,

Septembre 2022

*Le Pas d’Isis, Jeanne Benameur, Editions Bruno Doucey – Janvier 2022

 

De nouvelles inspirations !

De nouvelles inspirations !

Janvier 2022

Bientôt deux ans… Deux années où les certitudes trébuchent. Deux années où nous nous adaptons, où nous explorons comment faire autrement, dans nos liens, dans le rapport au temps, à l’espace, à notre mobilité, dans nos pratiques professionnelles. Autant d’expériences, autant  de sensations, parfois inédites, parfois familières mais peu considérées jusqu’alors.

Quand la conscience est en panne pour penser ce qui nous arrive, individuellement et collectivement, quelque chose du sensible émerge, dans cette nécessité à se projeter, à appréhender le présent, et au delà… Non pas dans une compulsion à remplir le vide, juste expérimenter, au quotidien, avec pragmatisme, humilité et sincérité.

Et si nous prenions soin de ces intuitions, de ce qu’elles nous susurrent, de ce qu’elles insufflent comme inspiration, mine de rien, dans notre quotidien, dans l’attention que nous portons à ce qui nous entoure, dans ce qui fait sens, au-delà des injonctions, dans une tentative pour s’extraire des visions binaires ? Etre à l’écoute de nos intuitions et leur donner une forme, singulière, ajustée, réversible…Et entrevoir au détour qu’il n’y a peut-être rien de grave. Qu’est-ce que nous sommes prêts à abandonner pour ne pas avoir à renoncer ? Nous maintenir en mouvement, soutenir cette dynamique d’évolution à l’œuvre, résolument… et observer ce que cela produit, ce qui se précise à la conscience.

Et si nous nous réjouissions de ce que nous entrevoyons, en terme d’aspiration, de résilience, de nécessité d’entraide, dans cet élan pour nous reconnaître interdépendants, sans enjeu, juste pour le plaisir d’être là pour l’autre ?

Meilleurs vœux à tous

Emma Ould Aoudia

 

Notre inspiration : faire confiance aux processus d’émergence

Notre inspiration : faire confiance aux processus d’émergence

Nous pensons et co-construisons nos actions de prévention en s’inspirant des outils de l’Education populaire, afin de renforcer le pouvoir d’agir des publics auprès de qui nous intervenons.

Ces personnes, concernées par une crise psychosociale, ont un enjeu individuel et collectif en termes de reconnaissance :

: Se reconnaître en tant que personne impactée par une crise psychosociale (reconnaissance de ses propres besoins).

: Être reconnue en tant que personne impactée par une crise psychosociale (et notamment l’enjeu de reconnaissance sociale).

: Se reconnaître mutuellement dans la relation (avec ses proches).

: Reconnaître les acteurs du territoire comme ressources pouvant répondre à ses propres besoins.

Afin de soutenir ces personnes, nous créons des conditions d’expression, d’émergence, en inscrivant l’action dans le temps et la durée, afin de mettre en œuvre un processus de changement social.

Nous sollicitons les personnes dans une approche participative et collaborative : elles s’expriment depuis leur expérience de vie, les situations qu’elles traversent au quotidien pour elles-mêmes, et dans la relation avec leurs proches, afin de faire émerger leurs besoins. A partir de cette expression, nous pouvons les accompagner pour se relier à eux : c’est à partir du moment où la personne a reconnu ses propres besoins qu’elle peut être auteur et acteur de sa transformation sociale.

Cette dynamique individuelle est d’autant plus impactante que la personne est confortée dans son appartenance à une expérience sociale singulière qui fait communauté (en réponse au besoin d’appartenance), qui produit des communs (en réponse au besoin de contribuer).

Cette production de communs est susceptible de déboucher sur des solutions innovantes qui soient significatives pour chacun des contributeurs, donc facteur d’adhésion et de pouvoir d’agir.

Ainsi, nos actions de prévention ont pour vocation de mettre en mouvement un processus qui s’articule ainsi :

: Faire exister une communauté d’appartenance sur une problématique sociale

: Accompagner les personnes dans l’expression de leurs besoins

: Mobiliser les partenaires du territoire.

Ce processus d’émergence génère de lui-même de l’engagement, selon le présupposé qu’un groupe / une personne s’engage et se mobilise d’autant plus sur une problématique qu’il/elle a lui/elle-même définie.

Ces actions peuvent s’envisager auprès :

: des séniors d’un territoire, sur une problématique de prévention,

: des acteurs de prévention d’un territoire qui souhaitent prendre un temps pour penser leurs pratiques de prévention auprès des séniors,

: et pourquoi pas… une rencontre des deux publics, dans le cadre d’un dispositif déployé pour créer du commun, de l’engagement, et transformer ensemble le regard de la société sur les séniors et leur fonction dans la société.

On en parle ?

Emma Ould Aoudia https://tramedevie.net/contact/

Clown & Présence…. ou Clown & Ombre ?

Clown & Présence…. ou Clown & Ombre ?

Le clown n’œuvre pas sans la lumière, du soleil ou du projecteur. Il est là pour être vu. Habillé et nu. Qu’importe le costume qu’il endosse, il est dans la nudité d’une présence solitaire. Il est. Seul. Même s’il est avec un autre ! Et avec son ombre. Elle ne le quitte jamais…là où il va, elle y est… Il peut en jouer, la chasser, l’embrasser, en rire, s’en moquer…elle est…indéfectible, collante, rampante….Elle est ce qu’il ne veut pas être, ou ce qu’il voudrait être, et qui sans cesse s’impose à lui…

Ce qu’il ressent, elle le ressent…. ce qu’elle ressent, le public le ressent…car les ombres parlent sans rien dire, bougent sans intention propre….

On pourrait croire qu’un clown est lourd de son fardeau, de sa joie, de sa peine… non le clown est lourd du fardeau, de la joie, de la peine qu’il y a dans son ombre… c’est sa besace, sa boite à secrets, ses tiroirs sans fonds…..

Le clown est inséparable de son ombre extérieure et son ombre est inséparable de ses mystères intérieurs. Qu’il soit couvert de paillettes ou de hardes chiffonnées, son ombre est toujours noire et…vide…, vide et remplie de son « in-conscient » et c’est peut-être ce vide noire et inconscient qui « agit » qui « l’agit », le mouvemente, le chahute, le dilate….Allez donc savoir, qui de l’ombre ou du personnage agit l’autre.

Il vous sera proposer de ne pas fuir cette ombre, de l’attendre pied à pied, nez à nez…..

Elle voudra se défiler, vous défier, vous dévier…elle a plus d’un tour dans son sac…Vous pourrez vous y perdre…Mais vous pouvez aussi y trouver ce que vous ne cherchiez plus ou pas…

Stage du 24 au 29 juillet 2021, à Romans sur Isère (Drôme), ouvert à tous, débutants, moins débutants, plus confirmés ; plus d’infos ? c’est par là !

« Si chaque jour tombe dans chaque nuit il existe un puits où la clarté se trouve enclose. Il faut s’asseoir sur la margelle du puits de l’ombre pour y pêcher avec patience la lumière qui s’y perdit. » Pablo Néruda

Une nouvelle prestation pour accompagner les séniors

Une nouvelle prestation pour accompagner les séniors

« Autonomie, dépendance, entraide… Une histoire de liens » : Conférence et atelier collaboratif, animé par Emma Ould Aoudia, en présentiel ou en visio

Cadre de vie, lien social, entraide…Qu’est ce que je me souhaite pour maintenant, dans 5 ans (ou 15 ou 20 ans)…. Et que je prépare dès aujourd’hui ! 

« Au gré des évolutions sociétales, de la mobilité des enfants, de l’expérience que vous avez pu faire en accompagnant vos propres parents, vous êtes peut-être traversé-e par des questionnements sur votre propre avancée en âge.

L’expérience de la crise sanitaire est peut-être venue impactée vos projets ?

En solo, en couple, qu’est-ce que je souhaite vivre dès maintenant, dans 15 ou 20 ans ? Quel cadre de vie ? Comment j’envisage cet impensable qu’est l’éventualité de ma perte d’autonomie ? Qu’est-ce que j’imagine tant que tout va « suffisamment bien » et que j’ai encore le pouvoir d’agir et la capacité à faire des choix ? Quels sont les liens sociaux sur qui je peux compter, que je pourrais renforcer ? A la faveur de quel projet commun ?

En introduction, une conférence pour mettre en perspective l’impact de la crise sanitaire sur nos représentations en terme d’autonomie, de dépendance, de lien social.

Autant de questionnements qui pourraient trouver un espace pour se dialoguer, s’échanger, se partager, lors d’un atelier participatif…

Aucune obligation de résultat, juste soutenir une réflexion individuelle dans une dynamique de groupe bienveillante, dans une démarche résolument collaborative, humble et positive.

Et ainsi faire émerger un début, un bout, un prolongement à votre réflexion ».

Format initial : conférence atelier + 1 atelier collaboratif pour approfondir la réflexion à partir des situations individuelles, groupe de 10 personnes.